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Les cinq cinéastes congolais à suivre

Messages politiques, inventivité infinie et re-création des codes cinématographiques... L’art visuel congolais s’est forgé au fil du temps une identité unique. Les deux Congos ont une histoire ancienne avec le cinéma, un art qui a souvent été utilisé comme outil de propagande. Conscients qu’une production audiovisuelle libre et artistique est essentielle pour le développement démocratique de leur pays, ces cinéastes tentent de donner des clefs de compréhension de l’histoire des peuples des Congos tout en donnant vie à leur imaginaire. 

5 cinéastes congolais

De gauche à droite, portrait de Machérie Ekwa Bahongo, Nelson Makengo, Abraham Muhindo Barakomerwa, Jean Luc Herbulot et Baloji

 

Machérie Ekwa Bahongo

Née à Kisangani en République Démocratique du Congo, cette autodidacte a appris les rudiments du cinéma sur internet tout en faisant ses études de droit. C’est elle qui a traduit en Lingala les dialogues du film Félicité (2017) d'Alain Gomis, avant d'écrire et de réaliser Maki'la, son premier long-métrage mettant en scène des enfants des rues. Le filmsorti en salles l'année dernière, est produit par Tosala films en co-production avec Orange Studio, Lennox et Inzo ya Bizizi. Maki'la a été sélectionné à la section FORUM de la Berlinale 2018 et a remporté l'Écran d'or à la 22ème édition du Festival International de Cinéma Ecrans noirs. 

Bande annonce de Mak'ila

C'est grâce à ce premier film qu'elle est repérée par la société de production DIFFA, puis par Orange Studio. Actuellement, Machérie tourne un court-métrage sur les femmes victimes des violences sexuelles dans l'Est de la République Démocratique du Congo. Tout en travaillant sur deux autres projets de long-métrage.

   

Nelson Makengo

Nelson Makengo est né en 1990 et vit à Kinshasa, en République Démocratique du Congo. Diplômé en communication visuelle à l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa et formé à l’Université d’été de La FEMIS en réalisation documentaire, il poursuit une carrière de photographe et de cinéaste. Ses films documentaires, notamment Tabu (2016), Souvenir d'un été (2017) et Thêatre Urbain (2017) ont fait partie de la sélection officielle de plusieurs festivals dont le festival de court-métrage de Clermont-Ferrand 2018.

Réalisé en 2018, son court-métrage expérimental E’ville retrace la mémoire d' Elisabethville, l'ancienne Lubumbashi, à travers les couloirs abandonnés de l’Histoire et des parcours individuels. C’est dans ces lieux livrés à eux-mêmes que Nelson Makengo engage une réappropriation de son héritage citoyen.

Nourrie d’ambiances musicales, d'archives sonores, d'images et de fantômes, la visite d'un cercle sportif abandonné de la Gécamines (Société générale des carrières et des mines) est l’occasion de distribuer à nouveau l’intime parole du ciment. À travers la récitation de la dernière lettre de Patrice Lumumba à sa femme, les voix et les corps se reforment, actualisant les facettes et les interprétations d’un peuple face à lui-même. Intimités familiales et Histoire se disputent, fusionnent et revivent ensemble. Ce voyage intérieur construit et déconstruit les symboles qui forgent le récit historique – les récits ? – du Congo. Habiter la mémoire collective de son pays sans laisser le passé prendre le dessus, telle est la ligne de crête que le film nous invite à cheminer.

Bande annonce de "Théâtre Urbain" (RDC, 2017)

Nelson Makengo tourne en ce moment même son premier long-métrage. Intitulé Nuit Debout, il devrait sortir en salle au printemps 2020. Cinewax vous livre en avant première le synopsis : 

 “Alors que le Congo lance la construction d'un grand barrage hydroélectrique censé éclairer le continent africain, Kinshasa est dans le noir et le pays tout entier au coeur de ténèbres. Kudi, père de famille, s'improvise la nuit vendeur ambulant de torches LED tout en illuminant les rues sombres de Kinshasa avec son pousse-pousse. Gédéon, jeune pasteur d'une église de réveil, lutte contre le délestage physique et symbolique de la ville avec ses fidèles. Sous la fièvre post-électorale, entre les pénombres et un semblant de lumière, ce film dresse avec subtilité le portrait d’un gouvernement invisible qui a avorté ses responsabilités et d’une population qui se réinvente malgré tout.”

Actuellement, les œuvres de Nelson Makengo sont visibles au centre d’art contemporain WIELS (Bruxelles) jusqu’au 18 août 2019 dans le cadre de l’exposition ‘Multiple Transmissions : Art in the Afropolitan Age’.

Il est également l’un des artistes sélectionnés à la 21ème Biennale d’Art Contemporain Sesc_Videobrasil à São Paulo (Brésil), la plus importante rencontre internationale consacrée à l’art de la vidéo qui se tiendra du 9 octobre 2019 au 2 février 2020.

 

Abraham Muhindo Barakomerwa

Licencié en économie et formé à l’Université d’été de La FEMIS en 2017, Abraham est aujourd’hui directeur général d'ABRAKO Film Production, initiateur d’ARECO (Association de Réalisateurs Congolais) et membre du collectif "Goma Capitale du Cinéma". Son but : promouvoir le cinéma local et faire parler de la ville de Goma et du Congo en général autrement qu’à travers des drames.

En 2012, il réalise Scénario, un court-métrage de fiction, qui a remporté le prix du meilleur film et le prix public à la 8ème édition du Salaam Kivu International Film Festival. Suivront plusieurs autres court-métrages dont Ennemi du temps (2016) et Simple appareil (2017). Abraham Muhindo Barakomerwa a remporté au total 21 trophées internationaux pour ses deux court-métrages.

En 2018, il est présent au Festival de Cannes en tant que producteur francophone au petit-déjeuner organisé par la CNC. La même année, il devient directeur artistique adjoint au CIFF (Congo international film festival) et membre du jury du Big Short International Film Festival de Los Angeles.

Il est actuellement en pré-production de son premier moyen métrage de science-fiction intitulé Illumine-moi. L’intrigue prend place dans une réalité parallèle où l’évolution technologique et celle des sciences cognitives nous font voyager dans plusieurs dimensions de la tradition africaine.

 

Jean-Luc Herbulot

C'est aux Etats-Unis que Jean-Luc Herbulot, originaire du Congo Brazzaville, commence sa carrière. En 2010, il rejoint la prestigieuse agence de représentation artistique CAA. En deux ans, il écrit, réalise et produit plusieurs courts-métrages : Stabat Mater (France), Sick (US), et Munster Cake (France). En 2013, il signe la réalisation du le clip « Blokkk identitaire » pour Youssoupha et Médine. C'est le premier clip de rap à être récompensé à l’International Music Video Festival à Paris. 

Son long-métrage Dealer, sera développé en trois mois et tourné en 18 jours pour un budget de 30 000 €. Le film fera le tour des festivals internationaux de genre et sera distribué dans plus de 70 pays. Surtout, ce sera le premier film indépendant français acheté et distribué par le géant NETFLIX. Jean-Luc quitte alors l'agence artistique CAA pour rejoindre l’agence concurrente WME à Los Angeles, faisant de lui le premier réalisateur congolais à rejoindre l’agence américaine.

En 2018, contacté par Canal + Afrique, il s’envole à Dakar en compagnie de Yann Gael (sacré meilleur comédien télé français 2018) et Issaka Sawadogo, comédien guyanais, pour réaliser Sakho & Mangane, une série policière mêlant thriller, mysticisme et "buddy movie". Sous la casquette de "showrunner", de réalisateur et de co-scénariste, il intègre l’équipe de Keewu production pour une création originale de 8 épisodes de 52 minutes tournée avec des équipes locales. Sakho & Mangane constitue une des premières Séries Premium de la grille Canal Overseas, à destination du marché télévisuel d’Afrique francophone. 

Créatif insatiable, il a créé cette année LACME studios avec Pamela Diop une ancienne collaboratrice. La société sert de plateforme de lancement pour des projets audiovisuels africains ambitieux dans les domaines de la fiction, la télé et du digital. 

 

Baloji

Poète, rappeur, réalisateur : Baloji est un artiste polymathe qui crée avec les mots, l'image, le son. Originaire de Lumbumbashi au sud de la RDC, il grandit en Belgique où il crée le groupe de rap Starflam. En 2008, il sort « Hôtel Impala » un album qui répond à une lettre de sa mère, reçue après 25 ans d’absence.  Certifié disque d’or, le disque sera suivit de « Kinshasa Succursale » et de « 137, Avenue Kaniama » tous deux unanimement salués par la critique.

Baloji est aussi l'auteur de plusieurs courts-métrages. Comme Kaniama Show, satire d'une télévision étatique africaine diffusant sa propagande entre interviews complaisantes et intermèdes musicaux. Le film est récompensé par le Grand Prix Djibril Diop Mambéty au festival Dakar Court de 2018. Son film Zombies présente un Kinshasa futuriste déchiré entre espoir et dystopie où le réalisateur interroge notre lien avec nos téléphones, cette technologie ancrée dans nos chairs. Ce travail est récompensé par le Grand Prix du Oberhausen Short Film Festival en mai 2019. En ce moment, Baloji écrit son premier long-métrage de fiction intitulé Lubumbashi Transit.

Baloji en swahili veut dire « homme de sciences », mais la colonisation a fait dériver le sens vers « homme de sciences occultes », puis vers « sorcier » dans le langage courant.

 

Sidney Cadot-Sambosi – rédactrice Cinewax

 

6 commentaires

  • Je tiens à encourager Cinewax la reconnaissance manifester vis-à-vis de nos confrères. Je dit aussi courage aux réalisateurs(trice). Bokende liboso,tuko na kuya nyuma yenu.

    Moses KIBAMBE

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