Africa Riding : une jeunesse époustouflante racontée par Liz Gomis
Africa Riding est la nouvelle série documentaire d’Arte. Durant 7 épisodes, réalisés par Aurélien Biette et Liz Gomis, cette série donne à voir une jeunesse africaine créative, courageuse et libérée que rien n’arrête ni le bitume accidenté ni le quotidien parfois difficile.
Ils s’appellent Marion, Mika, Chance ou encore Dominique. Ils sont jeunes et libres. Passionnés par la culture street dans une Afrique citadine où asphalte et terre rouge se côtoient, Liz Gomis nous entraîne dans un Rwanda, Ouganda, Ghana, Sénégal à l’énergie créative débordante. Et pour cause, la jeunesse africaine toujours plus importante (64% de la population africaine a moins de 25 ans en 2017) n’a pas dit son dernier mot !
La règle ? Do it Yourself, bidouille et organisation collective
Pas de planche ? Pas de spot ? « Tout ce qu’on fait vient d’ici » assurent les jeunes riders. Dans cette série documentaire, le Do It Yourself est la règle, et oser le maître mot. La peur n’a pas de place. Tout ce qui manque est fabriqué.
Rarement seuls, souvent en groupe, les jeunes s’organisent, se forment, s’entraînent, s’encouragent. Leurs idées bouillonnent. Leurs rêves nourrissent leurs objectifs. Ces derniers deviennent leur réalité.
Pour les jeunes et par les jeunes.
Des cours de rollerskate, des sorties vélo, nos héros veillent toujours à partager leurs passions et à inspirer d’autres jeunes pour les « protéger de la négativité » et de la criminalité. “Rider” est une philosophie : avoir un esprit libéré au sein d’une grande famille. Une famille qui s’agrandit à coups de projets communs et d’activités nouvelles, et qui aide chaque membre à reprendre le pouvoir sur sa vie et à gagner en autonomie.
Une réalisatrice en prise avec le réel
Liz Gomis, journaliste et réalisatrice franco-sénégalaise, a retrouvé un peu d’elle-même dans chaque personnage de la série : “Je suis née en France mais je n’ai jamais fait les choses comme les autres. Les gens m'appelaient l’Américaine. J’avais une ouverture sur le monde qui dépassait ma petite banlieue. Quand j’ai commencé à aller en Afrique, j’ai commencé à parler à des gens intéressants et en même temps à raconter une part de ce que je pense et de ce que je suis.”
Ces rencontres l’amènent à se rendre compte qu’elle n’est pas seule à faire des choix différents. Elle explique : “Quand tu es jeune en Afrique et que tu fais une activité artistique, on te considère comme un troubadour. Moi, je voulais leur donner la parole. J’avais envie de montrer la réalité de ces types, une vie avec de vraies contraintes mais avec des poches de liberté qui leur permettent d’être toi et moi!”. Malgré des contraintes différentes, il est très facile de s’identifier un peu à chacun des personnages.
Une série à regarder sur grand écran
A travers cette série de portraits, la réalisatrice a voulu raconter des réalités fidèles au continent africain : “Je n’ai pas essayé de magnifier l’Afrique. J’ai veillé à ne pas être ni du côté misérabiliste, ni du côté de l’enjolivement. Je tenais à rester neutre, sauf dans l’image dont je voulais un traitement digne du cinéma ! ”. Voeu exaucé par Aurélien Biette, réalisateur et chef monteur, dont on félicite le travail. Il a tenu la caméra durant le mois et demi de tournage. En rollers derrière les riders, il veille tout le long des épisodes à donner du rythme à la série en alternant mouvements, ralentis, portraits et plans des villes dans une image aux couleurs sublimées. Un résultat franchement épatant.
Cette web série est rafraîchissante. Elle déborde de vitalité et de force. Inspirante, elle montre une jeunesse qui fait bouger les lignes. Ce souffle nouveau d’une jeunesse consciente « que l’avenir se joue ici » est saisissant. Il faut reprendre le pouvoir pour créer son histoire, et ça la jeunesse africaine l’a bien compris.
Coline Rande - rédactrice Cinewax